16.04.2024 Digital

Le marché des NFT, 2022

par ARTE Generali

Brève histoire des NFT :

 

Qu’est-ce qu’un NFT ?

 

Les NFT sont apparus pour la première fois en 2017. Depuis, œuvres d'art, morceaux de musique, performances sportives, tout (ou presque) semble pouvoir être associé à un actif numérique via cette cryptomonnaie. On parle de cypto-art pour qualifier ces œuvres sécurisées par un codage sur la blockchain et qui se négocient en cryptomonnaies.

Les NFT sont un actif non fongible (non fungible token), ce qui signifient qu’ils ne peuvent pas être remplacés, ni être interchangés, ni être falsifiés. Ces certificats numériques attestent de l'authenticité d'un objet virtuel. Leur valeur peut facilement dépasser le million d'euros.

Les acheteurs, collectionneurs ou spéculateurs, investissent dans des objets/des œuvres qui pourraient avoir leur place dans un futur musée virtuel.

 

Vente marquante : le NFT de Beeple

 

En mars 2021, l’œuvre de l’artiste Beeple « Everydays : the first 5 000 Days », composée d’un assemblage de dessins et animations réalisés quotidiennement durant 5 000 jours d'affilée, qui est authentifiée NFT, s’est envolée sous le marteau de la maison de vente Christie’s pour plus de 69M$. Cette photo numérique en NFT est pourtant consultable et téléchargeable par tous les internautes qui le souhaitent. Le prix ne se justifie plus au regard de la seule valeur intrinsèque de l'œuvre numérique mais parce que celle-ci a été vendue avec son NFT. Le NFT la rend unique et traçable, il indique que c'est bien l'œuvre originale de l'artiste. Il indique aussi qui l'a vendue, qui l'a achetée, pour quelle somme et quand. 

Ces ventes et achats de NFT sont le plus réalisés sur la blockchain Ethereum. A ce titre, si la valeur de cryptomonnaie, qui a permis d'acquérir le certificat NFT, augmente, la valeur de cette image augmentera cumulativement pour le possesseur du NFT.

 

Point sur la diversité des NFT :

 

Les NFT peuvent prendre des formes diverses et hybrides, ils offrent de nouvelles formes d’expression artistique d’une part, et d’autre part ils peuvent également permettre de faire le lien entre des formes d’art traditionnel et le monde du numérique. D’ailleurs il ne s’agit plus seulement de créer une œuvre mais de la « tokeniser » créer un NFT.

 

1. Le NFT : copie digitale d’une œuvre

A titre d’exemple, des objets ayant appartenu à Napoléon Ier ont été mis en vente par la Galerie Imperial Art entre le 2 et 8 décembre dernier, chacun était accompagné d’une copie digitale en NFT. Parmi les objets vendus : la canne de l'Empereur, un buste impérial, une lettre manuscrite, etc. tous dotés d'une puce NFT pour les relier à leur double numérique.

Parmi d’autres forme d’expression du crypto-art, Pascal Boyart a réalisé une version moderne de la Chapelle Sixtine aux portes de Paris. Si l’œuvre d’art demeure réelle et palpable, ce sont les personnages de la composition qui ont été vendu individuellement comme un NFT. Le NFT devient la représentation virtuelle sur la blockchain de l’œuvre existante et confère à son acheteur un droit de propriété sur la version digitale de l’œuvre. La numérisation permet d’autre part de donner à l’œuvre un caractère intemporel dont la version tangible est susceptible de disparaitre.

 

2. Le NFT : œuvre d’art virtuelle

Parallèlement, des artistes déjà connus et reconnus sur la scène internationale de l’art contemporain se sont aussi positionnés sur le marché du crypto-art, c’est le cas de Damien Hirst. L’artiste propose des œuvres hybrides entre art physique et art virtuel. Il existe une version matérielle de l’œuvre et le NFT : lorsque vous achetez la version physique de l’œuvre, vous obtenez le NFT et après deux mois l’acheteur a le choix de conserver l’un ou l’autre des formats. Certains préfèreront la tradition et la possession physique de l’objet quand d’autres verront dans le NFT l’opportunité de faire du profit sur le marché de la crypto et conserveront alors la version numérique.

 

Quelques chiffres des NFT :

 

En 2021, le marché de l’art crypto représente un peu plus de deux milliards de $. Avec un record de vente pour l’œuvre de Beeple à 69M$.

Le marché du numérique est un marché en ébullition où les actifs s’achètent et se vendent très rapidement. En moyenne, le propriétaire de NFT ne les conserve pas plus de 60 jours. Dans une durée de deux mois, l’œuvre est revendue sur le marché.

Les prix moyens des œuvres crypto ont considérablement augmenté entre 2020 et 2021. Le marché est désormais sous tension avec une offre plus importante que la demande. Les vendeurs étant plus nombreux, le crypto art se retrouve victime du dumping.

Depuis septembre, force est de constater qu’il y a toujours des ventes qui restent très profitables mais corrélativement d’autres acheteurs de NFT subissent de fortes pertes, en revendant leurs œuvres à des prix inférieurs que ceux d’achat.

La prolifération d’actifs et leur diversité mettent à mal le marché de NFT qui, comme le marché de la cryptomonnaie, de manière plus générale, ont été au centre de toutes les attentions depuis la crise du Covid. L’engouement dont ces marchés ont fait l’objet a fait grimper les cours de manière effrénée et démesurée. La prudence reste donc de mise pour investir sur un NFT et éviter les déconvenues.

 

Un actif soumis au risque cyber :

 

La possession de NFT n’est pas exempte de risques ainsi, corrélativement à l’explosion de leur marché, les vols se sont multipliés. 

A titre d’exemple, Todd Kramer explique sur Twitter s’être fait voler, via un probable phishing, 16 NFT d’une valeur de 615 ETH, soit un peu plus de 2 millions d’euros. C’est après avoir lui-même cliqué sur un lien en pensant être redirigé vers un site « légitime » que le détenteur de NFT se serait fait dérober ses œuvres. La plateforme a immédiatement réagi en gelant les ventes de NFT similaires aux siens.

En mars 2021, plusieurs utilisateurs du site de vente de NFT Nifty Gateway se sont également fait voler leurs NFT, et la plateforme n’avait pas pris de mesures spéciales pour empêcher leur vente.

Coté juridique, la question de la responsabilité des plateformes induite par les vols de NFT est en débat. Coté assurance, ces malversations relèvent du risque Cyber. A ce titre, les compagnies d’assurance spécialisées en objets d’art ne proposent pas, en tant qu’assureurs dommages, de police pour garantir les risques inhérents à cet actif mais, dans une démarche de prévention, elles peuvent toutefois expliquer la nature des risques aux clients.